vendredi 29 avril 2011

Je vais écrire...




Le vertige de l'écran blanc…


n'est pas plus rassurant que celui de la page de même couleur. J'avais dit : ce week-end, j'écris. J'ai du temps, de la solitude, des idées, des envies…parfait…j'écris.

J'ai des monceaux de bouts de textes épars dans tous les coins de mon ordinateur, des titres épatants, des premières phrases pleines de promesses, des chatouillis sous les doigts, des envies de clavier.

Bien, je vais écrire, j'écris….juste que franchement, il ne faut pas croire que l'inspiration se présente au garde à vous dès qu'on l'appelle. Trop simple, trop facile, cela se saurait s'il suffisait de siffler dans ses doigts pour qu'elle arrive aussitôt, tel un bon chien fidèle. D'abord je ne sais pas siffler, et puis mon chien n'est jamais venu quand je l'appelais, bien au contraire. Si l'inspiration s'enfuie aussi vite et aussi loin que mon chien le faisait je ne suis pas sortie d'affaire.

Donc je vais écrire : mais il paraît que le chocolat est bon pour le cerveau, plein de magnésium, et puis le placard est tout proche. Trois carreaux plus tard et une belle dose de magnésium sûrement installée dans les circonvolutions de mes neurones, je vais écrire.

Le soir tombe, il fait presque noir maintenant et je m'inquiète pour mon chat qui s'éternise dehors, dans le jardin. Les renards sont nombreux en cette saison, et les jeunes chats sont tendres sous leurs dents.Comment voulez-vous que j'écrive avec cette angoisse au coeur ?

Voilà, j'ai retrouvé mon chat, il est là, en train de faire sa toilette sur les coussins de mon bureau - maintenant, je vais écrire, je veux écrire, j'écrirais… demain…certainement, car avec tout ça j'ai l'impression que mes idées sublimes ont filé je ne sais où et il se fait tard, trop tard.

Oui, demain c'est certain, demain matin à la fraîche, mon inspiration sera là. Telle une jeune vierge prête à épouser son amoureux, elle m'offrira la beauté des mots venus de son cœur, le doux balancement des phrases qui tombent juste là où elles sont nécessaires. Demain j'entendrai ce murmure que j'ai connu parfois, ce chuchotement doré qui vient comme un cadeau, qui peut être si beau que les larmes me montent aux yeux. Demain, ces éclairs qui illuminent mes nuits, ces lueurs brèves et fulgurantes qui traversent mes pensées, viendront se coucher j'en suis certaine, captifs et domptés sous mes doigts - demain.

Mais au fait, demain matin je dois aller régler des problèmes à la banque. Ce n'est rien, j'écrirai l'après-midi. Oui c'est certain, demain après-midi, j'écrirai.

Ah ! mais diantre ! il faut aussi que je vide et que je nettoie le cellier, pillé et déshonoré par une horde de souris qui nécessitèrent  des kilos de souricide pour les exterminer - non, mon chat n'attrape pas les souris de la maison, juste celles qu'il ramène du jardin.

Bon, je suis en train de me faire une raison : après-demain dimanche j'écrirai. Ne riez pas, ce n'est pas drôle. Le dimanche est un beau jour pour écrire, c'est un jour parenthèse, un espace qui s'ouvre tout blanc – tout blanc comme une page blanche…comme l'écran blanc de mon ordinateur…

3 commentaires:

  1. Voilà samedi, tu as encore toute la vie !!!

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  2. Faire et défaire .... donc écrire et écrire que l'on va écrire.... c'est déjà un début.

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  3. Ah le vertige du vide!... :)

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